ARCHIPELAGO

LA FIN DE LA VILLE PRODUCTIVE AUTORITAIRE
THE END OF THE AUTHORITARIAN PRODUCTIVE CITY

Europan 15, Floirac

C’était un jour d’été, ils avaient quitté soudainement leurs logements climatisés. Les turbines étaient à l’arrêt : plus de souffle, plus d’air. À l’horizon, le fleuve sortait progressivement de son lit.
Aucune information d’alerte — ils se retrouvaient livrés à eux-mêmes. Dans la précipitation, ils emportèrent ce qui plus tard allait devenir les fétiches d’une civilisation passée ; ils les conserveraient précieusement dans des boîtes étanches — trésors d’un mode de vie oublié.

Des groupes se formèrent. Ils savaient que dorénavant leur survie dépendait de ce qu’ils allaient pouvoir produire. Certains s’installèrent sur le toit du centre commercial, rassurés de vivre sur l’amoncellement de produits manufacturés que l’eau avait rendus, en à peine quelques années, hors d’usage. D’autres, plus téméraires, s’étaient attelés dès le début à construire des cabanes portées par de longs pilotis — tours de guet sur ce qui les traumatisait encore : la montée des eaux.

Tout devint plus lent, plus silencieux. Il ne s’agissait plus maintenant de courir après un tramway ou le temps qui passe. Ce qui fut un mode de survie devint un mode de vie.
Ils auraient pu partir, aller ailleurs, au cœur des terres. Mais c’était là qu’ils habitaient.

C’était eux les habitants de l’archipel.

It was a summer day, they had suddenly left their air-conditioned homes. The turbines were stopped: no more breath, no more air. On the horizon, the river gradually rose out of its bed.
No alert information — they found themselves on their own. In haste, they carried away what would later become the fetishes of a past civilization; they would treasure them in watertight boxes — treasures of a forgotten way of life.

Groups were formed. They knew that their survival now depended on what they could produce. Some settled on the roof of the shopping centre, reassured to live on the heap of manufactured goods that water had made unusable in just a few years. Others, more reckless, had from the beginning set out to build huts carried by long stilts—watchtowers—on what still traumatized them: the rising waters.

Everything became slower, quieter. It was no longer a question of running after a tramway or the passing of time. What was a way of survival became a way of life.
They could have left, gone elsewhere, to the heart of the land. But that’s where they lived.

They were the inhabitants of the archipelago.

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2020-04-15T22:21:48+02:00avril, 2020|Catégories : FIL, PROJETS|Mots-clés : , , , , , |

VERNON ELECTRONIC

Europan 13 sur le thème de la ville adaptable – Projet présélectionné.

VERNON ELECTRONIC 01

 

Éclat de fumée.

Dans une ultime boucle rétroactive temporelle et entropique, trois fusées sont lancées depuis la forêt impénétrable de Vernon. L’alerte est donnée. L’espoir atteindra-t-il les étoiles ? La mémoire humaine sera-t-elle sauvegardée et adaptée à des fins civilisatrices hors de notre cosmos ?

Burst of smoke.

In a final temporal and entropic retroactive loop, three flares are fired from the impenetrable forest of Vernon. The alert is sounded. Will hope reach the stars? Will human memory be recorded and adapted for civilizing purposes outside of our cosmos?

 

 

 

La fuite.

La forêt qui était jusque là sous contrôle est maintenant vidée de ses habitants. La hâte et la vitesse dans leur fuite les grisent sous les derniers rayons verts du soleil qui semblent blêmir dans la fureur nébuleuse des émanations post-chlorophylliennes.

Flight

The forest, which until then was under control, is now emptied of its inhabitants. Haste and speed – in their flight, they have become greyed in the last green sunbeams that seem to softly illuminate them in the nebulous fury of the post-chlorophyllian emanations.


VERNON ELECTRONIC 10

 

Zones de mémoire.

Vernon n’est plus qu’un grand décor de cinéma à l’abandon. C’est un Cinecitta laissé à l’instant qu’il faut traverser. Des « zones de mémoire » encore peu sous l’emprise du mouvement s’enveloppent d’un temps indéterminé.

Areas of memory.

Vernon is no more than a large deserted film set. It’s a Cinecitta recently abandoned that must be crossed. “Areas of memory”, still barely under the influence of the movement, wraps itself in shapeless time.

 

 

En plein cœur.

Flash-back. Une vue d’un autre temps sur la ville — celui de la métamorphose performative par nécessité systémique. La ville s’auto-organise grâce à des striations structurelles endogènes complexes — des incisions traumatiques qui doivent permettre d’éviter toutes dérives énergétiques. Auto-zoom. Une psycho-urbanité dans laquelle les habitants sont les synapses de l’auto-cortex constructif.

Right in the heart.

Flashback: a view of the city long ago – of the performative metamorphosis made system by necessity. The city organizes itself using complex endogenic structural striations – traumatic incisions that should help to avoid any energy breaking down. Self-zoom: a psycho-urbanity where the inhabitants are synapses of a constructive self-cortex.