DO ANDROIDS DREAM OF ELECTRIC GARDEN ?
Amélioration de l’auto-suffisance connectée de nos villes
D-503 avec N. Ryan
Ville et attraction : auto-suffisance collective
Depuis 5.500 ans que la ville existe et pour la première fois de l’humanité, 2007 est le moment qui voit 50 % de la population mondiale vivre dans les villes. La ville attire toujours plus l’humanité vers elle. Pourquoi cette attraction ? Est-ce cette auto-suffisance connectée qui pousse les humains au mouvement, à la migration vers les villes ?
La ville est une entité humaine et urbanisée autonome, elle se suffit à elle-même dans bien des domaines ; elle est un centre administratif, politique, religieux, intellectuel, commercial, industriel, etc. Habiter la ville, c’est avoir l’assurance de trouver une réponse à ses besoins, à ses désirs, à ses espérances. Pourtant la ville c’est aussi les bidonvilles, la précarité, le chômage et l’insécurité. Tout n’y est pas qu’attraction. Mais vu le nombre croissant de citadins, il faut croire que la ville a plus d’attraits que d’aspects négatifs. C’est peut-être dans cette poly-qualitativité de la ville, dans cette liberté de pouvoir idéalement se la représenter et de pouvoir faire des choix que l’attraction opère. La ville donne du possible ; elle nous donne à croire au changement, à une évolution permanente — à notre chance.
Rien n’est figé dans la ville ; le mouvement donne forme à son existence. La ville est mouvement. Elle est l’incarnation de la vie tumultueuse des hommes. Elle est le lieu où tout s’opère, tout s’échange et où tout se transforme. Elle est une entité de vie. Elle est Échange — elle est Connectivité par nature. Elle possède en elle de manière symbolique tout ce qui doit assurer son autonomie, sa subsistance et sa survie. Elle est ce liant qui doit satisfaire aux besoins fondamentaux de tous — mais c’est aussi au-delà de ce besoin premier, le lieu où explosent les désirs et les fantasmes de l’imagination collective.
Ville et contraction : auto-suffisance spatiale et énergétique
Paris 2057. Les ressources en énergie fossiles de la planète se sont considérablement réduites. Le pétrole est devenu une denrée rare et donc très chère. S’impose alors la nécessité d’une économie drastique des dépenses énergétiques.
La voiture permettait autrefois des déplacements qui n’optimisaient pas les distances entre les différents besoins de la vie humaine. Des déplacements consommateurs de distance et donc d’énergie entre son chez soi, son travail, son ravitaillement et ses loisirs, etc. ne sont plus possibles.
En 2057, Paris optimise ses distances. La ville se contracte par nécessité entropique – elle se re-localise. Elle ne peut plus grandir et se propager sur le territoire de manière désordonnée et energivore.
Paris se redonne des limites à son expansion. Elle doit se suffir d’un espace qu’elle s’impose à ne pas dépasser. Une limite vitale qui protège la ville d’elle-même afin d’en assurer un fonctionnement interne optimal. Une enceinte virtuelle qui s’imperméabilise pour mieux contrôler les échanges entre son intérieur et son extérieur. Une porosité maîtrisée qui redéfinit ses points d’entrée et de sortie (input & outpout). (suite…)
BERLIN, HIVER 2010
La neige a recouvert la ville.
Des chemins sont tracés sur les trottoirs des larges avenues. Les lieux de passages de cette grande ville, pour un temps, rétrécissent.
Des grues surplombent l’horizon, incessante reconstruction…
La porte de Brandenburg se retrouve cernée. Elle n’est plus un monument isolé, elle clôt maintenant une place. Mais elle demeure le seuil qu’on franchit vers le Tiergarten- l’étendue totalement blanche. Les pieds s’enfoncent dans la neige, les chemins ne sont pas balisés. La ville devient un murmure de circulation au fur et à mesure de notre progression, avant le silence – un isolement dans la ville.
Les deux anciennes parties de Berlin, l’Est et l’Ouest s’inversent. L’une continue sa rénovation, l’autre, par son avance prise avant la réunification, se fige. Des quartiers se densifient à l’Est mais l’impression de vide reste.
À Potsdamer Platz, les tours montent jusqu’au ciel et se perdent dans la brume: habitats momentanément sans horizon. Le premier temps de la ville réunie est déjà dans l’histoire.
Le parcours continue. Les pas sont pressés mais prudents. Le froid allonge les distances…
Les vides sont remplis de neige.